EN TEMPS RÉEL
Retour sur l’EMF Camp
Par Marie 23-12-2014
Salut LP, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Développeur chez af83 depuis de nombreuses années, et passionné de hacking, je suis installé depuis quelques temps à Cardiff – je suis donc parti à la connaissance des réseaux de la région, comme le Hackspace de Cardiff. C’est là que j’ai connu l’EMF (pour Electromagnetic Field).
Justement tu peux nous présenter l’EMF ?
C’est un événement organisé entièrement par un groupe de bénévoles qui a lieu tous les deux ans. On peut dire que c’est l’équivalent britannique du Chaos Communication Camp. Pendant 3 jours, 1100 bénévoles et participants investissent un champ au milieu de l’Angleterre, et le transforment en un village de hackers, avec de quoi dormir, manger, assister à de nombreuses conférences et participer à des ateliers, le tout avec une connexion internet montée pour l’occasion et ultra performante. En 2014 c’était la deuxième édition...
Quelle est la philosophie de l’EMF, et qui y participe ?
Elle est très simple, c’est celle des hackers et des hackerspaces de façon générale : partager, apprendre de nouvelles choses – et faire ensemble. Le public est du coup très varié : tous les hackerspaces anglais sont représentés bien sûrs, mais il y a un mélange de curieux et de connaisseurs, d’étudiants, de développeurs et de bidouilleurs… de 2 à 90 ans !
Justement, à quelles sessions as-tu participé ou assisté ?
Cette année je n’ai participé qu’à deux ateliers, je suis plutôt allé à des sessions, très variées et assez intéressantes. En atelier j’ai par exemple aidé à préparer les badges des participants, en installant le logiciel. Comme on est à une conférence de hackers, forcément ils étaient connectés : avec une Arduino, quelques boutons et un écran, on pouvait consulter le programme des conférences dessus, s’en servir de lampe torche, voire même jouer à Tétris ou Snake. En mode veille, ils affichaient le logo de l’EMF – mais j’ai « amélioré » le mien pour qu’il affiche le logo d’af83 !
J’ai aussi participé à l’atelier Google CardBoard, fabriquer mon « casque » pour faire de la réalité virtuelle avec un simple smartphone. Maintenant il ne me reste « plus qu’à » faire une application.
Ça commençait bien. Côté conférences, lesquelles t’ont marquées ?
« Operators Guide to the Enigma Cipher Machine» par Simon Singh, traitait du fonctionnement d’Enigma et de comment les britanniques ont craqué son code pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Il nous a aussi fait faire un tour dans l’histoire de la cryptographie et du chiffrement– de la Grèce ancienne à aujourd’hui et l’ère de l’informatique. Ce n’était pas forcément hyper pointu, mais c’est toujours intéressant de jeter un œil au passé – et de mesurer l’évolution !
J’ai également écouté « The security of internet things », par José Diez. Il a scanné grâce à un petit programme toutes les IP du monde pour voir si le port VNC était ouvert… si oui, il enregistrait une capture d’écran et des statistiques (où, quand,…). Et son bilan est qu’un grand nombre d’appareils sont ouverts – il a même pu accéder à des données de patients dans des hôpitaux, des paniers d’achat sur des sites en ligne, des panneaux de contrôle d’usines ou des systèmes de domotique qu’il pouvait même actionner. La sécurité de l’internet des objets reste donc problématique – il faut l’améliorer, sensibiliser les gens, les entreprises...
Un bilan confirmé par « Point Of Sale Device tricks: You could…live for free! » par Greg Fragkos, durant lequel il nous a montré combien il était facile de hacker les terminaux de paiement par carte bleue – pour des raisons évidentes, cette session n’a pas été filmée !
Je suis également musicien, logiquement j’ai été voir quelques conférences autour de ce sujet… Comme « Live Coded Techno » par Yaxu (Alex McLean), pendant laquelle il a codé et improvisé en direct de la musique, grâce à un langage spécifique. Ça prouve que le code peut permettre de « créer » au sens artistique du terme, ça s’inscrit dans toute la tendance de l’art numérique qui est de plus en plus forte.
James Aylett a présenté « bach.js, an unhistory of how the great Baroque composer pioneered Javascript, 250 years before Netscape even existed », un détournement de l’histoire de Bach – et du JavaScript… une session pleine d’humour, surtout que j’ai passé l’an dernier à ne faire que coder en JS et jouer du Bach ! C’est un bon rappel que la musique est basée sur les mathématiques, surtout chez ce compositeur dont les fugues et les canons sont truffés de fonctions récursives…
Enfin, impossible de passer à côté des sujets DIY ! Dans « Materials and Makers », Deb Chachra a parlé des matériaux. La révolution de l’impression 3D ouvre tout un monde de possibilités… mais il reste toujours la contrainte des matériaux : savoir comment ils peuvent être utilisés, travaillés, quels sont leurs propriétés dans quelles conditions… est plus que jamais utile.
Bref, un programme éclectique !
C’est le mot ! Surtout quand il y a jusqu’à 3 conférences en parallèle, sans compter les ateliers. Il est parfois dur de choisir, heureusement de nombreuses sessions sont filmées, et mises à disposition ensuite sur la page Youtube de l’EMF.
Crédits illustrations : Photos tirées du groupe flickr dédié, mises à disposition sous licence Creative Commons (sauf photo du Badge LP Ceccaldi / af83)