EN TEMPS RÉEL
Retour sur l’UXCamp Europe 2014
Par Pauline 13-06-2014
Sprints + Jams: Design Methods for Fun and Profit
Rachel Ilan Simpson, qui travaille chez Google, organise régulièrement des design jams et a présenté les différentes formes d’événements collaboratifs qu’on peut organiser rapidement pour répondre à des problématiques de design. Rachel insiste sur la distinction entre les ateliers réalisés dans un cadre professionnel et ceux qui sont organisés le week-end, dans le cadre d’une compétition amicale, comme les Service Design Jams. Enthousiaste, elle en encourage la pratique, en communiquant ses astuces personnelles : par exemple, ne pas négliger la conclusion, présenter les résultats aux autres et en profiter pour en faire un moment convivial : « Celebrate! »
Bridging the physical-digital divide between ID/UX
Jason Mesut a depuis longtemps deux grands sujets d’intérêt : la musique, qui est sa source d’inspiration, et la réflexion autour du métier d’UX designer. Il aborde ici le second sous un nouvel angle : avec la généralisation des objets connectés, comment les UX designers doivent-ils aborder la question des objets ? Doivent-ils acquérir des compétences en design industriel ? Et, d’abord, qu’est-ce que le design industriel ? En s’appuyant sur les témoignages des plus grands designers, il définit les métiers, les savoirs, ce qui les oppose et ce qui les réunit, pour conclure sur la nécessité à collaborer dans un mode partenariat, à l’image des spectateurs d’un concert, qui vibrent à l’unisson.
The Experience is the Message – Creating Unique Airline Brand Experiences
Christian Vatter et Martin Jordan ont voulu démontrer combien la marque est décisive dans le design d’expérience utilisateur et, pour ce faire, ils se sont donné à eux-mêmes un exercice sous forme de cas d’école. Ils ont choisi deux companies aériennes très différentes (Lufthansa et EasyJet) et ont décidé d’imaginer des solutions pour améliorer l’expérience du passager de chacune, en fonction des promesses de marque. Cela a donné des idées de services et d’applications complètement différentes, mais en parfaite adéquation avec les piliers de chacune. Leur présentation, publiée sur Slideshare, parle d’elle-même.
Nailing it: How can others better understand your ideas and concepts
Fabian Klenk et Katharina Weber ont organisé un atelier pour faire comprendre par l’expérimentation les mécanismes de la communication. L’exercice se déroulait de la façon suivante : deux personnes étaient assises dos à dos, l’une était chargée de décrire une photographie, tandis que l’autre devait la dessiner à partir de ce qu’on lui décrivait. Au bout de 5 minutes, les deux personnes pouvaient mettre en parallèle la photographie et le dessin. Les participants formulaient ensuite ce que cela leur avait appris pour garantir une bonne communication, comme : « Trouvez le point principal de votre présentation, cela facilite le lien avec les points de moindre importance » ; « Présentez les détails et les informations qui vous semblent évidents, ils ne le sont pas pour les autres » ; « Ne présentez pas seulement les faits, mais aussi les émotions » ; « Présentez les idées dans leur contexte » ; « Si la personne qui écoute ne pose pas de question, cela augmente considérablement le risque d’incompréhension : à garder en tête quand on envoie un e-mail… » ; « Résumez d’abord la grande image, puis entrez dans les détails ». Le résultat de l’atelier, photos, dessins et pensées, est resté affiché sur un tableau durant les deux jours du camp pour que chacun puisse en profiter en passant dans le hall… Une belle idée de partage !
CX is not UX
Berka Leos Stybnar était designer d’expérience utilisateur quand il a été recruté comme responsable de l’expérience client chez Kentico, en partant du principe que c’était à peu près la même chose. Après six mois d’activité, il livre son point de vue sur son nouveau rôle et présente ce qui distingue l’UX du CX.
L’expérience client n’a qu’un objectif : faire revenir le client. S’appuyant sur le fait que le plus important n’est pas l’expérience, mais la mémoire de l’expérience, les professionnels scénarisent les parcours client en cherchant à augmenter ce taux de retour. Le point n’est pas tant d’améliorer l’expérience… au contraire, certains points négatifs sont délibérément entretenus, voire créés, parce qu’ils génèrent du chiffre d’affaire ou, à l’inverse, qu’ils permettent de mettre les ressources sur un point positif qui sera beaucoup plus rentable ou aura plus d’impact pour faire revenir le client. Berka développe sa pensée en s’appuyant sur de nombreux exemples de livrables – les plans d’action de migration (migration action plan), les courbes d’émotion, les parcours clients –, issus d’entreprises comme IKEA, McDonald’s ou Burger King. Si la présentation permet de faire découvrir une activité connexe au design d’expérience utilisateur, elle éclaire aussi notre propre pratique et inspire de nouvelles façons d’aborder le ROI des projets.
Mobile Strategy Framework – A game for client workshop
Tamim Swaid s’est trouvé confronté à des clients incertains de la stratégie à mener en matière de mobile, mais désireux de s’y engager volontairement. Comment les accompagner pour faire émerger une vision ? Comment traduire cette vision en tactique et en chantiers opérationnels ? Pour répondre à cette question, Tamim Swaid et Stefan Böhland ont imaginé un outil qu’ils présentent dans une version encore inaboutie. L’objectif de cette grille est de servir de base pour des ateliers client : tout en rendant compte de la complexité du sujet, elle permet de formaliser des choix et de dessiner des périmètres. La leçon de cette présentation, c’est de réaliser combien notre métier est encore jeune et continue d’imaginer et de créer ses propres outils, ses méthodes et son savoir-faire.
Why we need Lean UX: Lessons learnt trying to implement it
Francesco Kirchhoff était designer d’expérience utilisateur free-lance avant de rejoindre la start-up Omnidoo. Dans une salle bondée, particulièrement chaude en cette fin de journée, il présente ce qu’il y a appris en appliquant les méthodes de Lean UX. Il s’appuie sur les principes exposés dans l’ouvrage de Jeff Gothelf, qu’il recommande vivement au passage. Passer du temps à affiner n’importe quelle interface n’a aucune valeur si elle n’a pas été testée : en méthode Lean, on teste au moins une fois par semaine, en général avec 3 à 5 personnes, jusqu’à 8 si on le peut. On travaille en se fondant sur une hypothèse, une conviction, et on la valide en testant, corrigeant et itérant au fur et à mesure. Le plus important, c’est d’amener le produit le plus rapidement possible sur le marché : on travaille par sprint d’une semaine et il rappelle qu’Amazon, lui, met en ligne une nouvelle version de sa plateforme toutes les 11 secondes…
Il n’y a pas de temps pour une recherche utilisateur préalable, mais Francesco profite des séances de tests pour interviewer les candidats et, ainsi, gagner en connaissance utilisateur. Il détaille aussi la façon dont chaque fonctionnalité est exprimée sous forme de déclaration d’hypothèse (hypothesis statement), sur la base d’une supposition avec un indice de mesure du succès qui permet de s’assurer de son efficacité. Il rappelle aussi que la façon la moins chère de corriger un bug, c’est de le faire avec le design… Une approche délibérément pragmatique du métier d’UX designer.
La journée du dimanche s’est achevée sur la présentation en plénière d’Eric Reiss, figure européenne de l’UX design, dédiée au e-commerce. Avec l’humour qui le caractérise, il a emporté tout à la fois l’adhésion et le rire de l’assistance, en développant ses convictions en matière de conversion illustrées de multiples exemples.
En conclusion...
Une fois encore, l’équipe organisatrice est parvenue à mettre sur pied un événement unique, remarquablement organisé, qui est devenu le rendez-vous immanquable de la communauté européenne. Un seul mot s’impose : merci